Le magazine « Le Point » a établi un classement des territoires en matière de qualité de l’air. La Corse y figure en tête avec 55 des 100 communes balnéaires les moins polluées. Qualitair Corse explique cette singularité par l’absence d’un tissu industriel, l’éloignement des sources de pollution, ou une faible densité de population.
Toutefois, deux des grandes agglomérations de l’île, Ajaccio et Bastia, sont considérées comme des “points noirs” en raison de la densité du trafic routier et de la présence de centrales thermiques. L’activité maritime et les brûlages de déchets verts contribuent également à dégrader la qualité de l’air de l’île.
« La Corse est une région très rurale, peu développée sur le plan industriel et qui, en raison de l'insularité, est isolée par rapport aux territoires européens qui suffoquent le plus, comme la plaine du Pô, en Italie, observe Jean-Luc Savelli, le directeur de Qualitair Corse. Sa situation géographique est plutôt favorable à une bonne qualité de l'air, en dépit de quelques points noirs. »
Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair Corse
Dans le « top 100 » des communes balnéaires où la pollution est la plus faible, 55 se situent en effet dans l'île de beauté. @JulianMattei https://t.co/WNIphb6Pre
— Le Point (@LePoint) February 9, 2023
Une démarche intéressante, mais des écarts à analyser avec prudence
« La démarche est intéressante, car elle permet aussi de mettre en avant la problématique importante de la pollution de atmosphérique. Les données sont cohérentes, même si certains éléments imposent de les analyser avec un certain recul du point de vue scientifique. En effet les indicateurs choisis, les PM2.5, soit toutes les particules inférieures à 2.5 microgrammes, sont intéressants. Il y a quelques années, les mesures de la qualité de l'air étaient réalisées uniquement par les stations, qui sont positionnées principalement à Ajaccio, Bastia et dans le Centre Corse. Aujourd'hui, les satellites et les outils numériques permettent d'avoir des moyennes annuelles, mais ce ne sont précisément que des tendances. De ce fait, dans la mesure où l'on parle de microgrammes dans l'air par microcubes, les chiffres après la virgule qui donnent lieu au classement ne font pas une différence significative entre les différentes communes proches les unes des autres. Compte tenu des indicateurs, techniquement les écarts peuvent être en réalité minimes »
« Si l'indicateur choisi était l'ozone, en raison de l'ensoleillement dont bénéficie l'île, le classement ne serait peut être pas exactement le même »
Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair Corse
Et la forêt de Vizzavona s’impose comme un véritable “poumon vert” 👇https://t.co/jDfYe32dQt
— Corse-Matin (@Corse_Matin) February 14, 2023
Des “points noirs” restent néanmoins à mettre en évidence
« Les particules fines, que l'on ingère plus profondément en respirant, sont issues des combustions, provenant notamment de la circulation automobile, à laquelle est particulièrement exposée la ville d'Ajaccio (plus de 40 000 véhicules par jour), mais aussi celle de Bastia, où le vent représente néanmoins un facteur plus favorable pour la dispersion des polluants. Le golfe ajaccien ayant tendance à retenir la pollution. La pollution engendrée par les centrales thermiques de Lucciana et du Vazzio (laquelle fonctionne au fioul lourd), sont aussi à prendre en compte. Tout comme le brûlage des végétaux. En théorie, les zones rurales doivent être des communes où la qualité de l'air est bonne, sauf que les écobuages quasi permanents, comme sur la rive sud du golfe d'Ajaccio, sont vecteurs de pollution atmosphérique, pas forcément pris en compte dans les modèles informatiques. A titre d'exemple, nous testons actuellement deux nouveaux capteurs sur la commune de Moriani, en bord de route et un peu plus loin. Les valeurs les plus fortes ne sont pas enregistrées en bord de route, mais au plus proche des brûlages, qui peuvent dégrader ponctuellement la qualité de l'air »
Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair Corse
Continuer les efforts et agir concrètement contre la pollution atmosphérique
« Il faut continuer les efforts et agir concrètement contre la pollution atmosphérique. Des mesures peuvent être prises, notamment pour l'amélioration de la flotte maritime ou la diminution de la circulation automobile. Des alternatives, comme le broyage, existent pour éviter de brûler les végétaux. L'une des perspectives d'action est de mettre en place des contrats d'objectifs territoriaux et de définir des labels pour la qualité de l'air, qui permettraient de distinguer les communes et intercommunalités engagées concrètement sur ces enjeux »
Jean-Luc Savelli, directeur de Qualitair Corse