Bien que l’industrie ne soit pas fortement développée en Corse, certaines activités industrielles locales contribuent de manière significative à la pollution de l’air. Parmi celles-ci, la production électrique joue un rôle crucial, notamment avec les deux centrales thermiques de Corse classées ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement). Leur impact sur l’environnement et la santé des populations nécessite une surveillance continue.
D’autres installations, telles que les chaufferies au bois et les unités de production d’enrobé, bien qu’émettrices, ont une influence moindre et ne sont pas toujours tenues de surveiller leur impact environnemental. Cependant, certaines activités spécifiques, comme les carrières, doivent, dès qu’elles atteignent un certain niveau de production, mettre en place des plans de surveillance rigoureux pour contrôler les particules émises dans leur environnement proche.
Qualitair Corse joue un rôle crucial en cas d’accidents industriels en mettant en œuvre des mesures d’urgence. Lors de tels incidents, l’observatoire intervient à la demande des services de l’État ou des autorités locales pour évaluer et gérer les risques environnementaux immédiats. Conformément à la directive “Lubrizol”, la procédure régionale de réponse d’urgence doit être adaptée spécifiquement à chaque territoire. Qualitair Corse travaille en étroite collaboration avec les services de l’État pour élaborer des stratégies de surveillance efficaces, assurant ainsi une réponse rapide et appropriée aux situations d’urgence.
La production électrique
Le mix énergétique de la Corse repose sur un trépied équilibré entre énergies renouvelables, production thermique et imports via les liaisons électriques SACOI et SARCO. La part des ENR y augmente en tendance depuis une dizaine d’années, portée par l’essor du photovoltaïque.
Dans le cadre de la transition énergétique pour la croissance verte la Corse vise l’autonomie énergétique pour 2050, avec d’ores et déjà une étape à 40 % d’énergies renouvelables dans sa production d’électricité franchie.
En matière de production électrique à partir d’énergies fossiles, la Corse dispose de deux sites principaux situés au nord et au sud de l’île. Le premier site est situé dans le quartier du Vazzio, sur la commune d’Ajaccio, tandis que le second se trouve sur la commune de Lucciana.
La centrale de Lucciana a été modernisée avec l’installation d’une nouvelle unité, plus puissante et plus efficace, appelée Lucciana B, construite à proximité de l’ancienne centrale. Au début des années 2000, les deux centrales utilisaient du fioul lourd TBTS (très basse teneur en soufre).
Actuellement, la centrale du Vazzio continue d’utiliser ce type de fioul jusqu’à son arrêt prévu en 2027, moment où elle sera remplacée par la nouvelle centrale du Ricanto qui fonctionnera à la biomasse liquide. En revanche, la centrale Lucciana B fonctionne désormais avec du fioul léger, similaire au diesel routier, qui émet moins de polluants que le fioul lourd, avec un passage à la biomasse liquide prévu à horizon 2026.
Le réseau de surveillance
La première mission des observatoires de l’air, dans les années 1970, consistait à surveiller les rejets atmosphériques industriels. En Corse, cette initiative a pris forme dans les années 1980, lorsque EDF, conformément à la réglementation pour les ICPE (Installations Classées pour la Protection de l’Environnement), a mis en place un réseau de surveillance de la qualité de l’air autour des deux sites de production électrique.
À cette époque, l’industriel était responsable de la surveillance des émissions à la sortie des cheminées (mesures à l’émission) ainsi que de l’évaluation des retombées à proximité des sites (mesures dans l’environnement). Pour ce dernier aspect, chaque site de production disposait de trois stations de mesure : deux sous les vents dominants et une pour évaluer la pollution de fond non impactée directement par les retombées des centrales thermiques.
En 2005, avec la constitution du réseau de surveillance de Qualitair Corse, ces stations ont été transférées à l’organisme. Dès lors, EDF a cessé de surveiller l’environnement, laissant cette tâche à Qualitair Corse.
Dans le cadre de son programme de surveillance, Qualitair Corse a établi un réseau pour évaluer les niveaux de pollution dans les zones urbaines et rurales :
- Sur la commune de Lucciana : Le site le plus exposé, La Marana, a été maintenu pour une surveillance continue.
- Dans la zone d’Ajaccio : Un site de typologie industrielle a été maintenu sous le vent dominant (site de Piataniccia, transféré à la Confina 2 en 2024) et un autre de typologie urbaine a été créé en centre-ville d’Ajaccio (site Canetto).
En complément des sites fixes de surveillance, de nombreux points de mesure temporaires ont été installés pour évaluer l’impact sanitaire des rejets des deux centrales.
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Les Chaufferies au bois
La chaufferie bois la plus importante de Corse est la SEM Bois Énergie de Corte. Avec une puissance inférieure à 20 MW, cette unité de production n’est pas obligée de surveiller son impact sur l’environnement. Toutefois, cette chaufferie a été entièrement modernisée ces dernières années en raison de la vétusté de ses moteurs.
Dans le cadre de ses missions d’amélioration des connaissances sur le territoire corse, l’observatoire a évalué la qualité de l’air à Corte et dans l’environnement proche de la chaufferie bois.
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Les carrières
Certaines carrières corses ont choisi de solliciter Qualitair Corse afin d’assurer le suivi et l’évaluation de leur impact environnemental, tout particulièrement concernant l’envol de particules de toutes tailles.
L’objectif de cette surveillance est de contrôler, par l’intermédiaire de mesures passives temporaires, le respect des réglementations relatives à la qualité de l’air. L’ensemble des modalités réglementaires sont prescrites dans l’Arrêté du 30 septembre 2016, relatif aux exploitations de carrières et aux installations de premier traitement des matériaux de carrières. Cet arrêté mentionne notamment le fait que « Les exploitants de carrière, à l’exception de celles exploitées en eau, dont la production annuelle est supérieur à 150 000 tonnes établissent un plan de surveillance des émissions de poussières. ».
L’Arrêté du 30 septembre 2016, en plus de définir les jauges de retombées comme le type de matériel utilisé pour assurer la surveillance, fixe l’objectif quantitatif à respecter : « L’objectif à atteindre est de 500 mg/m²/jour en moyenne annuelle glissante pour chacune des jauges installées en point de type B du plan de surveillance. ». Chaque année un rapport annuel est réalisé dans le but de vérifier le respect de ce seuil. Par la suite, dans l’optique d’une amélioration continue et grâce à l’identification des éventuelles activités sources de remise en suspension de poussière, des actions correctrices sont mises en œuvre.
Consulter les derniers rapports d’études :
Surveillance des carrières de Mezzana à Ajaccio (2016-2017)
Interventions et mesures d’urgence
Les missions générales confiées par l’Etat aux AASQA, définies par l’arrêté ministériel du 16 avril 2021 relatif au dispositif national de surveillance de la qualité de l’air ambiant, comprennent notamment les actions d’information suivantes :
- Informer quotidiennement les préfets sur la qualité de l’air observée et prévisible, en cas d’épisode de pollution atmosphérique ; les alerter en cas d’identification d’un épisode de pollution atmosphérique pouvant être consécutif à un incident ou accident technologique ;
- Informer quotidiennement le public sur la qualité de l’air observée et prévisible, relayer, le cas échéant sur délégation du préfet, les informations et recommandations préfectorales relatives aux épisodes de pollution ou à un incident ou accident technologique susceptible d’avoir un impact sur la qualité de l’air
L’ Instruction du Gouvernement du 12 août 2014 définit les actions à mettre en œuvre pour la gestion des situations incidentelles ou accidentelles impliquant des installations classées pour la protection de l’environnement. L’Instruction rappelle l’intérêt de disposer en cas de crise, d’échantillons conservatoires de la phase aiguë (pour vérifications ultérieures de l’impact des rejets) et de mesures régulières des émissions accidentelles hors site pour confirmer l’efficacité des mesures prises et informer la population ; ces démarches relevant de la responsabilité première de l’exploitant du site industriel.
Toutefois, si ces prérogatives s’appliquent en premier lieu pour les sites SEVESO ou ICPE, la méthodologie est applicable à l’ensemble des accidents pouvant dégrader localement la qualité de l’air.
Ce cadre national invite à l’intégration des AASQA dans le dispositif de gestion coordonnée des situations d’urgence, étant rappelé que les AASQA n’ont pas de missions réglementaires dédiées spécifiquement à la gestion du risque industriel à ce jour.
Qualitair Corse a été sollicité à plusieurs reprises afin d’intervenir sur une évaluation de la qualité de l’air pendant un accident de type industriel.